Rabat, 4 juillet 2025 – La Commission régionale de prise en charge des femmes victimes de violence relevant de la Cour d’appel de Rabat a organisé, ce vendredi, une rencontre consacrée aux nouvelles formes de violence à l’encontre des femmes dans l’espace numérique. Cette rencontre a mis en lumière l’émergence de pratiques violentes facilitées par les technologies d’intelligence artificielle (IA) et a proposé des pistes de protection juridique et judiciaire pour faire face à ce phénomène en constante évolution.
Placée sous la présidence du Procureur général du Roi près la Cour d’appel de Rabat, cette rencontre a réuni des représentants de divers ministères, des autorités sécuritaires, de la Gendarmerie Royale, ainsi que des spécialistes du numérique et du droit.
Des formes de violence technologique en expansion
Dans son intervention, Lamiaa Ben Salama, présidente de la Commission, a dressé un tableau alarmant des nouvelles formes de violences numériques ciblant en particulier les femmes et les enfants. Elle a cité notamment le harcèlement en ligne, l’usurpation d’identité, les vidéos truquées par deepfake, le piratage, ou encore la cyberextorsion.
Elle a particulièrement insisté sur les dérives liées à l’usage immoral de l’intelligence artificielle, qui facilitent la propagation de contenus violents, diffamatoires ou humiliants à l’encontre de populations vulnérables. Ces violences numériques, a-t-elle souligné, engendrent de lourdes conséquences psychologiques, d’autant plus lorsqu’elles prennent la forme de chantage ou de diffamation publique.
Un arsenal juridique en construction
Mme Ben Salama a rappelé la mise en place d’unités spécialisées en cybercriminalité au sein de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie Royale. Ces unités ont pour mission de protéger les femmes contre toutes les formes d’agressions numériques. Par ailleurs, des dispositions légales ont été introduites pour criminaliser certains actes commis en ligne, notamment l’extorsion, la diffusion de fausses informations ou la diffamation impliquant l’usage d’outils d’IA.
Elle a toutefois estimé que la législation actuelle reste insuffisante pour répondre aux enjeux spécifiques liés à l’intelligence artificielle, appelant à l’élaboration de lois plus adaptées et à des sanctions fermes pour endiguer ce type de criminalité.
Un phénomène insidieux et difficile à détecter
Prenant la parole, le procureur général du Roi, Abdelaziz Raji, a souligné l’émergence de nouvelles formes de violences invisibles et pernicieuses, rendues possibles par l’IA. Ces technologies, selon lui, ouvrent la voie à des crimes sophistiqués, difficiles à détecter et à retracer, les auteurs opérant souvent sous des identités masquées via des plateformes numériques étrangères.
Il a mis en avant la nécessité d’expertise technique et d’un cadre juridique renforcé, adapté à ces transformations profondes. Il a également rappelé les efforts du législateur marocain pour actualiser le Code pénal dans le respect des engagements internationaux, notamment la Convention de Budapest sur la cybercriminalité.
Appel à une mobilisation multidimensionnelle
M. Raji a plaidé pour une approche intégrée, combinant dispositifs juridiques, moyens techniques et actions sociétales, afin de protéger la dignité et la sécurité des femmes dans un environnement numérique devenu un terrain d’expression de violences nouvelles, souvent invisibles mais dévastatrices.
Source : MAP