Alors que le monde fait face à une double urgence, climatique et numérique, le Maroc affirme une ambition claire : faire de l’intelligence artificielle (IA) un levier majeur de sa transition énergétique. En 2025, cette vision prend forme à travers des projets concrets, des investissements stratégiques et une volonté politique affirmée.
Une volonté politique traduite en actions
Les premières Assises nationales de l’intelligence artificielle, organisées à Rabat les 1er et 2 juillet 2025, ont consacré l’IA comme un pilier transversal des politiques publiques marocaines. Dans un discours fort, la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, a rappelé que l’intelligence artificielle ne devait pas être perçue comme une fin en soi, mais comme un outil au service de la souveraineté énergétique, de la performance industrielle et de l’équité territoriale.
Ce positionnement s’inscrit dans une stratégie nationale plus large, visant à articuler innovation technologique, durabilité environnementale et inclusion sociale.
Des résultats déjà mesurables
Sur le plan international, le Maroc maintient son rang dans le top 10 mondial du Climate Change Performance Index (CCPI), à la 8ᵉ place. Il confirme ainsi sa constance en matière de lutte contre le changement climatique. Cependant, le pays a reculé à la 70ᵉ position sur 118 dans l’Energy Transition Index 2025 du Forum économique mondial, un classement qui souligne la nécessité d’accélérer certains chantiers de modernisation énergétique.
Pour y parvenir, le Maroc mise sur l’IA comme facteur d’optimisation et de pilotage de ses infrastructures énergétiques.

Une convergence entre IA et énergies renouvelables
Le projet Green Cloud Morocco incarne cette convergence. Il s’agit de la création d’un gigantesque data center de 500 MW, alimenté exclusivement par des énergies renouvelables. Ce projet devrait être opérationnel par étapes dès la fin 2025, avec une première phase de 40 MW.
Objectif annoncé : réduire de 70 % les émissions de CO₂ générées par l’activité numérique, tout en positionnant le Maroc comme hub énergétique et technologique régional.
Parallèlement, les infrastructures vertes existantes, comme le complexe solaire Noor (580 MW) et le parc éolien de Tarfaya (301 MW), bénéficient de technologies IA pour améliorer leur efficacité : maintenance prédictive, analyse temps réel, ajustement automatique de la production.
Une transition énergétique accélérée
Aujourd’hui, les énergies renouvelables représentent environ 45,3 % du mix électrique national. Le Maroc vise les 52 % d’ici 2030, un objectif soutenu par la mise en œuvre de projets d’envergure, notamment dans l’hydrogène vert, avec 24,49 GW de capacités planifiées dans le sud du pays.
Pour accompagner la montée en puissance des usages numériques et des besoins industriels — notamment en vue de la Coupe du monde 2030 —, le Royaume prévoit d’ajouter 60 GW de nouvelles capacités électriques d’ici la fin de la décennie.
Des retombées économiques et sociales prometteuses
L’impact de cette dynamique dépasse largement le secteur énergétique. Au premier trimestre 2025, le Maroc enregistre une croissance de +4,8 %, portée notamment par les investissements dans les technologies vertes. Ces projets attirent des capitaux étrangers, créent des emplois locaux qualifiés et stimulent l’émergence d’un écosystème d’innovation, notamment dans les domaines de la data, de la cybersécurité énergétique et de l’ingénierie verte.
Une vision inclusive et durable
La réussite de cette stratégie repose sur trois piliers :
- L’éthique dans l’usage des données et des algorithmes,
- La souveraineté numérique, notamment à travers le stockage local et la protection des données,
- L’inclusion territoriale, en s’appuyant sur les universités, les startups et les jeunes talents pour structurer un écosystème IA marocain et africain.
Loin d’un simple effet d’annonce, le Maroc construit, étape par étape, un modèle inédit de transition énergétique assistée par l’intelligence artificielle. Il ne s’agit pas seulement de produire plus propre ou plus intelligemment, mais de repenser les chaînes de valeur, les infrastructures, les compétences et les usages à l’aune d’un futur durable.
Avec ses hubs IA, ses ambitions énergétiques et son positionnement géostratégique, le Royaume ouvre la voie à une économie numérique verte, au service de sa souveraineté et de sa résilience.