Pilier de l’économie nationale, représentant près de 13 % du PIB et mobilisant plus du tiers de la population active au Maroc, l’agriculture marocaine entre dans une nouvelle ère : celle de l’intelligence artificielle (IA). À l’heure où la raréfaction de l’eau et les défis climatiques pèsent sur la sécurité alimentaire, les technologies de smart farming offrent des solutions concrètes pour concilier productivité et durabilité.
Des résultats mesurables sur le terrain
Dans la région du Souss-Massa, pionnière dans l’adoption de solutions intelligentes, les résultats sont déjà tangibles : grâce à l’exploitation combinée des données météo, des images satellites et des capteurs IoT connectés aux systèmes d’irrigation, des coopératives agricoles ont enregistré une réduction de 30 % de la consommation d’eau tout en augmentant les rendements de 15 %. Une performance qui illustre le potentiel transformateur de l’IA, particulièrement pour les petites et moyennes exploitations.

Des initiatives locales adaptées au terrain
Au-delà des expérimentations pilotes, plusieurs initiatives marocaines cherchent à démocratiser l’usage de l’IA.
- AgriConnect permet d’optimiser la gestion de l’eau grâce à des capteurs intelligents et des tableaux de bord accessibles aux agriculteurs.
- Morshida, un assistant virtuel disponible via WhatsApp, diffuse conseils personnalisés et alertes en temps réel sur les cultures.
Ces innovations illustrent la capacité des start-ups et des institutions marocaines à proposer des outils simples, connectés et inclusifs, en phase avec les réalités du monde rural.
Le défi central des données
Toutefois, l’enthousiasme autour de ces solutions ne doit pas occulter les conditions de leur réussite. Les experts réunis lors des Assises nationales de l’IA en juillet 2025 ont souligné la nécessité de disposer d’une base de données massive, fiable et adaptée au contexte marocain. Sans données locales de qualité, les modèles d’IA restent approximatifs et peinent à refléter la diversité des sols, des climats et des pratiques agricoles du Royaume.
L’idée d’un cloud agricole national commence à émerger. Il permettrait de mutualiser les informations issues des capteurs, des satellites, des stations météorologiques et des registres agricoles, afin d’offrir aux acteurs du secteur un socle partagé pour développer de nouvelles applications.

Un futur en germination
Le Maroc est à un tournant : l’IA ne doit pas rester une vitrine technologique réservée aux grandes exploitations ou aux salons professionnels. Son potentiel réside dans sa capacité à irriguer le tissu agricole national dans toute sa diversité, des grands domaines exportateurs aux petites coopératives villageoises.
En conjuguant innovation technologique, gouvernance des données et formation des agriculteurs, le Royaume peut transformer ses contraintes (stress hydrique, pression démographique, changements climatiques) en leviers d’innovation.
En définitive, l’intelligence artificielle ne se contente pas d’arroser les champs : elle cultive l’avenir agricole du Maroc.