Le Maroc confirme son ancrage dans l’ère du numérique. Selon le rapport Digital 2026 – Morocco, publié fin octobre, le pays compte désormais 22,8 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux, soit 59,1 % de la population totale. Parmi les internautes, près de deux tiers (64 %) interagissent régulièrement sur au moins une plateforme. Ces chiffres traduisent une réalité : les réseaux sociaux ne sont plus de simples outils de communication, mais un espace structurant de la vie sociale, économique et culturelle marocaine.

Une connectivité quasi universelle

La montée en puissance des usages numériques repose sur un socle technologique solide. Le Maroc recense 35,5 millions d’internautes, soit plus de 92 % de la population, un taux supérieur à la moyenne mondiale. Parallèlement, le pays compte 57,1 millions de connexions mobiles, équivalant à 148 % de la population, reflet d’une pratique multi-SIM et d’un accès généralisé à Internet. Ce haut niveau de connectivité transforme en profondeur les habitudes : s’informer, apprendre, consommer ou entreprendre passe désormais par les réseaux sociaux.

LinkedIn et Snapchat : deux dynamiques différentes

Sur le plan professionnel, LinkedIn affiche une croissance notable de +21 %, atteignant 6,9 millions de membres, soit un quart des adultes marocains. Le réseau devient un outil stratégique de visibilité, de recrutement et de networking, symbole d’une maturité numérique croissante du marché du travail marocain.

À l’inverse, les plateformes plus anciennes connaissent des évolutions contrastées. Messenger recule légèrement à 7,1 millions d’utilisateurs (-2,7 %), tandis que Snapchat séduit 7,6 millions d’utilisateurs, en hausse de +10,2 %, porté par une audience féminine majoritaire et jeune (64 %). Ces chiffres montrent que, dans un écosystème de plus en plus dense, les usages se spécialisent et les publics se segmentent.

Facebook et YouTube : les piliers d’un écosystème mature

Malgré la concurrence des nouveaux réseaux, Facebook reste le leader incontesté avec 22,8 millions d’utilisateurs, soit 64 % des internautes, et une croissance annuelle de +10,7 %. Il demeure l’espace de référence pour s’informer, échanger et communiquer, notamment pour les adultes dont 84,5 % des plus de 18 ans y sont actifs.

YouTube, de son côté, séduit 21,6 millions d’utilisateurs, représentant 56 % des internautes. La plateforme se distingue par une audience équilibrée entre hommes (52 %) et femmes (48 %) et une progression constante de +2,4 % en un an. Elle confirme sa position de média culturel central, où se mêlent divertissement, apprentissage et expression créative.

TikTok et Instagram : la nouvelle vague de l’influence

La dynamique de croissance la plus forte vient des plateformes de contenus courts et visuels. TikTok dépasse désormais Instagram avec 16,7 millions d’utilisateurs adultes, soit 47 % des internautes, et une croissance spectaculaire de +19 % en un an. Ce succès traduit la recherche d’expériences spontanées et participatives, où la créativité et le divertissement se rejoignent.

Instagram, pour sa part, poursuit une ascension rapide avec 15,1 millions d’utilisateurs (42,5 % des internautes), en hausse de +20,8 % sur un an. Devenu incontournable pour les marques et les créateurs de contenu, il s’impose comme le réseau du lifestyle, de l’esthétique et du storytelling. Ensemble, ces deux plateformes incarnent la montée d’une culture de l’image et de l’influence au Maroc.

X, Threads et Reddit : la diversification des espaces numériques

Le réseau X (ex-Twitter), malgré une baisse annuelle de -6,8 %, maintient une communauté fidèle de 1,08 million d’utilisateurs, principalement composée de journalistes, décideurs et passionnés d’actualité. De son côté, Threads, lancé récemment, attire déjà 1,1 million d’utilisateurs, illustrant l’intérêt croissant pour de nouvelles formes de conversation en ligne.

Quant à Reddit, il connaît une progression spectaculaire de +143 %, atteignant plus de 800 000 utilisateurs. Cette croissance témoigne de la curiosité des internautes marocains pour des espaces de discussion thématiques et des communautés spécialisées, loin des formats traditionnels de partage.

Une société connectée, mais inégalement équipée

Derrière ces performances, subsistent toutefois des disparités. Selon les estimations de Morocco World News, certains ménages consacrent jusqu’à 8 % de leur revenu mensuel à l’accès Internet, sans toujours bénéficier d’une connexion stable ou d’un véritable accès à la 5G. Cela rappelle que la massification numérique ne signifie pas égalité d’accès : la fracture digitale demeure, notamment entre milieux urbains et ruraux.

Des usages qui redéfinissent le lien social et économique

Ces données confirment que les réseaux sociaux ne se limitent plus à la sociabilité virtuelle. Ils sont devenus des leviers économiques, culturels et politiques. Pour les entreprises, c’est un espace stratégique d’engagement et de visibilité. Pour les citoyens, un lieu d’expression et d’apprentissage. Pour les institutions, un canal de dialogue et de proximité.

Avec plus de la moitié des Marocains connectés quotidiennement, le pays s’impose comme un acteur majeur de la transformation numérique régionale. L’enjeu désormais n’est plus seulement d’être présent en ligne, mais de comprendre, structurer et gouverner l’influence dans un écosystème social en pleine effervescence.