Selon un sondage récent d’Afrobarometer, 78% des Marocains déclarent être prêts à intégrer l’économie numérique. Ce chiffre place le Royaume parmi les pays africains les plus avancés en matière de transition digitale. Mais derrière cet engouement se cachent encore des disparités importantes d’accès aux équipements, à Internet et à l’électricité.

Un Maroc enthousiaste, mais inégalement équipé

L’étude, menée dans 39 pays auprès de plus de 53.000 personnes, souligne que seuls 3% des Marocains se disent réticents face aux usages numériques. Pourtant, l’ordinateur personnel reste un luxe pour beaucoup de foyers : 68% des ménages urbains en possèdent un, contre seulement 18% en milieu rural. Le smartphone s’impose ainsi comme principal outil d’accès à Internet.

À l’échelle du continent, le contraste est saisissant. Si des pays comme le Maroc, le Gabon ou l’île Maurice affichent des taux élevés d’équipement, d’autres comme le Niger, le Malawi ou le Liberia peinent à dépasser 20% de foyers disposant d’un ordinateur. En moyenne, seuls 18% des Africains possèdent un ordinateur, contre 47% qui détiennent un smartphone.

Le défi des infrastructures et des inégalités

Au-delà des équipements, l’accès à l’électricité constitue un frein majeur. Seuls 22% des foyers africains bénéficient d’un approvisionnement continu, ce qui limite la possibilité de se connecter durablement. Au Maroc, la situation est moins critique mais reste déterminante pour le développement de l’économie numérique.

Afrobarometer estime que 42% des Africains disposent aujourd’hui des ressources nécessaires (appareils, connexion et électricité) pour participer pleinement à l’économie numérique. Toutefois, la répartition reste déséquilibrée : plus de trois quarts de la population sont jugés « prêts » au Maroc, à Maurice ou aux Seychelles, contre seulement 10% à Madagascar ou au Malawi.

Si l’expansion d’Internet est un moteur reconnu de croissance et de création d’emplois, le rapport met en garde : sans démocratisation des infrastructures, l’économie numérique risque d’amplifier les inégalités, cantonnant les moins connectés à un rôle de simples consommateurs plutôt que d’acteurs de l’innovation.