Et si le Maroc franchissait le pas du vote électronique ? L’idée, qui circule depuis plusieurs années, semble gagner du terrain dans les discussions politiques. Plusieurs partis plaident aujourd’hui pour une transition progressive vers la digitalisation du processus électoral, espérant stimuler la participation citoyenne et renforcer l’intégrité du scrutin.
Dans des mémorandums adressés au ministère de l’Intérieur en amont des prochaines législatives, certaines formations suggèrent de commencer par la numérisation de l’inscription sur les listes électorales. L’objectif à long terme serait d’introduire, de manière encadrée, le vote en ligne. Pour ses promoteurs, cette innovation pourrait constituer une réponse au risque croissant d’abstention et contribuer à restaurer la confiance des électeurs. Le Parti du progrès et du socialisme (PPS) estime, par exemple, que l’adoption du vote numérique pourrait inciter une partie de la population à renoncer au boycott et à participer au scrutin.
L’idée divise néanmoins. Plusieurs responsables politiques avancent que le processus devrait être lancé sous forme de projet pilote, ciblant d’abord les Marocains résidant à l’étranger. Le ministère de l’Intérieur rappelle en effet les contraintes logistiques liées à l’organisation du vote pour une diaspora éparpillée dans le monde entier. D’autres, comme la Fédération de la gauche, vont plus loin et plaident pour une digitalisation complète, de l’inscription via la carte nationale d’identité jusqu’au vote en ligne, afin d’impliquer pleinement les citoyens, au Maroc comme à l’étranger.
Les partisans de cette approche estiment que la digitalisation pourrait réduire l’influence de l’argent, limiter les fraudes et renforcer la transparence des scrutins. Mais les obstacles restent nombreux. L’accès inégal à Internet entre zones urbaines et rurales, l’analphabétisme numérique touchant une partie de l’électorat et la fragilité de certaines infrastructures constituent des freins réels à une mise en œuvre généralisée.
Face à ces défis, de nombreux acteurs politiques prônent la prudence et suggèrent de tester d’abord le vote électronique auprès des MRE avant d’envisager une généralisation. Entre enthousiasme et réserves, le débat révèle néanmoins une réalité : le Maroc réfléchit sérieusement à l’introduction des outils numériques dans son processus électoral. Si le projet se concrétise, il marquerait une étape majeure vers une démocratie plus connectée et adaptée aux défis de l’ère digitale.