Le Maroc poursuit activement la mise en œuvre de sa stratégie Digital Maroc 2030, qui vise à positionner le royaume comme un hub régional de l’innovation numérique. Dans ce cadre, Rabat multiplie les partenariats internationaux et s’est récemment rapproché de pays et institutions tels que l’Estonie, le Japon, les États-Unis, l’Union européenne ou encore la Banque mondiale. Le 27 août, la ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a reçu l’ambassadeur indien Sanjay Rana. Cette rencontre a permis d’explorer les perspectives de coopération entre le Maroc et l’Inde dans le domaine de la transformation digitale, avec pour objectif de stimuler les investissements et de renforcer l’attractivité technologique du royaume.
L’Inde apparaît comme un partenaire stratégique de premier plan. Classée 39ᵉ à l’indice mondial de l’innovation 2024, elle dispose d’une solide réputation en matière de cybersécurité et d’e-services. Son système Aadhaar, plus grand dispositif d’identification biométrique au monde, est aujourd’hui considéré comme un modèle à l’échelle internationale. Volontaire et largement adopté par plus de 1,3 milliard de citoyens, il donne accès à des centaines de services publics et a généré plus d’un milliard de dollars d’économies pour le gouvernement indien. Des innovations telles que DigiLocker, application qui permet de stocker et d’utiliser en ligne des documents officiels, témoignent de la capacité de l’Inde à mettre en place des solutions numériques à grande échelle.
Le Maroc, de son côté, affiche de solides atouts dans le domaine des infrastructures télécoms. Avec un score de 0,8827 à l’indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies, le pays devance l’Inde dans ce domaine, même si ce dernier bénéficie d’un marché considérable avec plus de 800 millions d’abonnés à Internet. Les ambitions marocaines sont claires : généraliser l’accès au haut débit, étendre la couverture en fibre optique de 1,5 million de foyers en 2022 à 5,6 millions en 2030, et assurer le lancement de la 5G avec un objectif de 70 % de couverture nationale à la même échéance. Ces investissements, estimés à 9 milliards de dollars, constituent autant d’opportunités pour les acteurs internationaux du numérique, dont les entreprises indiennes.
La dimension humaine est également au cœur de cette stratégie. Le royaume prévoit la formation et la reconversion de dizaines de milliers de talents dans les métiers du digital, avec un objectif de 45 000 nouveaux profils qualifiés chaque année à partir de 2030. Il souhaite également attirer des milliers de talents étrangers pour enrichir son écosystème et répondre aux besoins croissants des entreprises technologiques.
En parallèle, le Maroc mise sur l’intelligence artificielle et le développement de solutions cloud et de centres de données. L’installation d’hyperscalers et de géants du numérique figure parmi les priorités des autorités afin d’accélérer la digitalisation des services publics et privés et de renforcer l’attractivité du pays auprès des investisseurs internationaux.
À travers ce rapprochement avec l’Inde, le Maroc entend tirer parti de l’expertise d’un partenaire qui a su démontrer son efficacité dans la mise en œuvre de projets numériques à grande échelle. Cette coopération ouvre la voie à des échanges d’expériences, à des transferts de compétences et à des investissements croisés, avec en ligne de mire un objectif ambitieux : intégrer le top 50 mondial de l’e-gouvernement d’ici 2030 et consolider la place du royaume en tant que carrefour numérique régional.