Le Maroc renforce son arsenal contre le cyberharcèlement

Le Maroc a accompli des progrès notables dans la lutte contre le cyberharcèlement, un fléau numérique de plus en plus préoccupant. Grâce à des initiatives multiples, le pays se positionne comme un acteur clé dans la protection de ses citoyens contre les dangers du monde numérique.

Campagnes de sensibilisation et mobilisation

Depuis 2022, le Maroc a lancé une campagne nationale de prévention contre la cyberviolence, atteignant plus de 500 000 personnes à travers des plateformes numériques et des ateliers éducatifs. Des actions spécifiques ont également été menées pour sensibiliser les jeunes, notamment à travers des ateliers dans 300 écoles, touchant environ 150 000 élèves. Ces initiatives ont encouragé les victimes à signaler les cas de cyberharcèlement et à briser le silence sur ce problème.

Renforcement juridique et réaction des autorités

Face à la montée du cyberharcèlement, des campagnes comme #SafeOnlineMorocco ont été déployées pour encourager les victimes à dénoncer ces actes et pour inciter les autorités à renforcer les lois. Le gouvernement marocain a intensifié ses efforts, avec des discussions en cours pour réviser la loi 103-13, qui lutte contre la violence envers les femmes, afin d’y inclure des mesures spécifiques contre le cyberharcèlement. Le cadre législatif a été ajusté pour sanctionner sévèrement ce phénomène, avec des peines allant jusqu’à cinq ans de prison et des amendes de 50 000 dirhams. En 2023, plusieurs plaintes ont été enregistrées, marquant une augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente.

Structures de soutien aux victimes

Les autorités marocaines ont aussi collaboré avec des entreprises comme Google, Meta (Facebook, Instagram) et TikTok pour renforcer les mécanismes de signalement et la suppression de contenus nuisibles. Des cellules d’écoute et de soutien ont été créées, en partenariat avec des associations locales, pour fournir une aide psychologique et juridique aux victimes de cyberharcèlement.

L’Observatoire National des Droits de l’Enfant (ONDE) a soutenu plus de 3 000 enfants en 2024, une large proportion d’entre eux étant confrontée au cyberharcèlement. Les programmes éducatifs dans les écoles ont également permis de réduire de 50 % les cas de harcèlement en ligne dans certaines régions.

Encourager le signalement : une priorité nationale

Le Maroc met un accent particulier sur l’importance du signalement des abus. En 2023, la campagne « Signaler, c’est se protéger » a touché plus de 3 millions de personnes et a entraîné une augmentation de 45 % des signalements sur les plateformes dédiées. Plusieurs outils numériques ont été développés, comme « E-Vigilance« , lancé par le Centre Marocain de Recherches Polytechniques et d’Innovation (CMRPI), permettant de signaler et d’analyser les incidents de cybercriminalité, y compris le harcèlement en ligne. Par ailleurs, la plateforme « E-Himaya » propose des outils pratiques pour signaler les contenus nuisibles, et le Numéro Vert 8350 a été mis en place pour offrir une assistance téléphonique aux victimes.

DGSN en première ligne dans la lutte contre le cyberharcèlement

La Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) joue un rôle crucial dans la lutte contre le cyberharcèlement. Grâce à des outils comme la plateforme « E-Blagh« , depuis sa mise en service en juin 2024, a reçu un total de 12.614 signalements qui ont été traitées conformément à la loi. Les infractions liées à la cybercriminalité, à l’extorsion et au chantage sur Internet ont augmenté de 40% avec 8.333 affaires, selon le bilan 2024 de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Le nombre de contenus associés au chantage détectés a atteint 3.265. Le nombre de mandats internationaux dans le cadre de ces affaires s’est chiffré à 956, tandis que le nombre de personnes interpellées présentées devant la justice pour ce type de délits a atteint 563.

Coopération internationale : Le rôle du Maroc au sein d’Interpol

Le Maroc bénéficie également de la coopération avec Interpol, qui a permis à ses forces de l’ordre de recevoir des formations spécialisées pour traiter les cas de cyberharcèlement. Un séminaire conjoint entre les experts d’Interpol et les officiers marocains en 2024 a permis d’améliorer les techniques d’investigation et l’utilisation des outils numériques dans la lutte contre le cyberharcèlement à l’échelle internationale.

Un avenir numérique plus sûr pour le Maroc

En combinant des efforts internes avec une coopération internationale, le Maroc renforce son arsenal pour lutter contre le cyberharcèlement. Les campagnes de sensibilisation, les réformes législatives, le soutien aux victimes et la formation des autorités contribuent à rendre l’espace numérique plus sûr. Grâce à des technologies avancées de traçage d’adresses IP et autres informations numériques, ainsi qu’à une meilleure coordination avec les forces de l’ordre, le Maroc est désormais mieux équipé pour répondre rapidement aux abus en ligne et protéger ses citoyens contre le cyberharcèlement.

Ahmed LAFTIMI

Digital-BPM & e-Gov Advisor | E-Reputation Branding™

Doctorant Chercheur | Social-Media Strategist

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