À l’occasion des premières Assises nationales de l’intelligence artificielle tenues sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a franchi un cap historique dans la définition de son avenir numérique. Devant un parterre d’experts, de décideurs, de chercheurs et d’entrepreneurs, la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a dressé les contours d’une vision stratégique claire : faire de l’intelligence artificielle un levier de souveraineté technologique, de justice sociale et d’innovation durable.
« Nous ne voulons pas subir l’IA. Nous voulons la comprendre, la maîtriser et l’orienter au service de l’humain, de notre souveraineté, et de nos priorités nationales et africaines. »
— Amal El Fallah Seghrouchni
Une vision articulée autour de trois piliers
Durant son intervention, la ministre a rappelé que l’IA ne pouvait être pensée comme un simple outil technologique, mais comme un choix politique, éthique et civilisationnel. Trois axes majeurs structurent l’ambition marocaine :
- L’éthique et la confiance
Le Maroc souhaite développer une IA fiable, explicable et responsable, en phase avec ses valeurs. L’objectif est de mettre en place un cadre réglementaire national favorisant la transparence algorithmique et la protection des libertés individuelles, notamment dans les domaines sensibles comme la santé, l’éducation ou la sécurité. - Le renforcement des capacités nationales
Pour répondre aux besoins du marché de l’emploi et accompagner la transformation des services publics, un investissement massif dans la formation est engagé. D’ici 2030, plus de 100 000 jeunes seront formés dans les métiers du numérique, dont une part importante dans les domaines liés à l’intelligence artificielle, à la cybersécurité et à la data science. - La souveraineté technologique africaine
Amal El Fallah Seghrouchni a réaffirmé la volonté du Maroc de co-construire une IA africaine, portée par des modèles de coopération Sud-Sud. En ce sens, la création d’un hub régional arabo-africain pour l’innovation et l’intelligence artificielle, en partenariat avec le PNUD, s’inscrit dans une dynamique de solidarité et de rayonnement stratégique du Royaume.
Une IA au service du développement humain
Au-delà des discours, ces Assises marquent le lancement effectif d’un chantier structurant. L’IA y est abordée comme un levier pour améliorer les politiques publiques, fluidifier la relation entre citoyens et institutions, et soutenir l’entrepreneuriat technologique local.
« Il s’agit de bâtir une intelligence artificielle de la souveraineté, mais aussi de la solidarité. Une IA pour l’Afrique, par l’Afrique, avec des valeurs humaines partagées. »
— Amal El Fallah Seghrouchni
Cette approche « humaine de la haute technologie » incarne une rupture avec les modèles extractifs dominants, et positionne le Maroc non pas comme simple utilisateur, mais comme architecte de son propre avenir numérique.
Les prochaines étapes sont claires : formaliser une stratégie nationale de l’IA, mobiliser un cadre juridique et éthique opérationnel, et lancer des projets concrets dans les secteurs prioritaires (santé, éducation, agriculture, gouvernance).
Un appel à projets sera bientôt lancé pour soutenir les startups et laboratoires marocains œuvrant dans l’IA. Par ailleurs, le Maroc compte organiser en 2026 une seconde édition des Assises, cette fois à vocation panafricaine, pour fédérer les expertises et accélérer l’intégration continentale des talents numériques.