La coopération numérique entre le Maroc et les États-Unis revêt une importance stratégique majeure pour les quatre prochaines années, surtout avec le retour de Donald Trump à la présidence américaine. Cette dynamique offre au Maroc une opportunité unique d’accélérer sa transformation digitale en s’appuyant sur l’expertise des géants technologiques américains, notamment les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et des figures emblématiques comme Elon Musk.

En 2024, le Maroc a lancé la stratégie « Digital Morocco 2030 », avec un budget de 11 milliards de dirhams alloué entre 2024 et 2026. Cette initiative vise à créer 240 000 emplois directs dans le secteur numérique d’ici 2030, en formant annuellement 100 000 jeunes, contre 14 000 en 2022 (source : Ministère marocain de la Transition Numérique). Les axes prioritaires incluent la digitalisation des services publics, le soutien à l’écosystème des startups et le déploiement de la 5G.
Donald Trump sera président des États-Unis d’Amérique lors de deux événements sportifs majeurs : le Mondial 2026, co-organisé avec le Mexique et le Canada, et les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. Ces rendez-vous planétaires offrent une opportunité unique pour le Maroc d’être un partenaire intégral, comme il l’a été lors du Mondial 2022 au Qatar dans le domaine de la sécurité. Le Maroc doit s’appuyer sur ces événements pour emmagasiner de l’expérience, en réalisant un véritable SWOT (analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces), dans la perspective d’organiser un Mondial 2030 exceptionnel, marquant le centenaire de la Coupe du Monde. Une telle préparation permettra également au Maroc d’affirmer son rôle stratégique et sa capacité d’accueil d’événements sportifs de grande envergure.
Le Maroc aspire également à devenir un hub numérique régional. La stratégie « Digital Morocco 2030 » prévoit de multiplier le nombre de startups, passant de 380 à 3 000 d’ici la fin de la décennie (source : Ministère de l’Economie et des Finances), avec l’ambition de voir au moins deux d’entre elles atteindre le statut de « licorne », valorisées à plus d’un milliard de dollars.

Dans le secteur de la santé, la digitalisation est en marche, avec des plateformes en ligne facilitant l’accès aux services médicaux. En éducation, des initiatives d’apprentissage en ligne se multiplient, surtout après la pandémie de COVID-19. Les transports ne sont pas en reste, avec des projets de smart cities intégrant des solutions de mobilité intelligente, en prévision d’événements majeurs comme le Mondial 2030.
La création d’un laboratoire et d’un observatoire du numérique est essentielle pour suivre les évolutions technologiques et adapter les politiques publiques en conséquence. L’intelligence artificielle (IA) est également un domaine d’étude prioritaire. L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a récemment lancé des programmes dédiés à l’IA, visant à la mettre au service de l’industrie marocaine.
En 2024, le Maroc a été classé 57e au niveau mondial en matière de transformation numérique (source : Indice de Développement Numérique 2024, ITU). Ce classement souligne les efforts du pays pour améliorer sa connectivité, ses fondations numériques et son écosystème technologique.
La coopération avec des techno-entrepreneurs américains, tels qu’Elon Musk, pourrait apporter une expertise précieuse dans des domaines comme les énergies renouvelables, les transports intelligents et l’exploration spatiale. Les GAFAM, quant à eux, peuvent contribuer au développement des infrastructures cloud, à la cybersécurité et à la formation des talents numériques.
Une coopération numérique renforcée avec les États-Unis est cruciale pour le Maroc afin de réussir sa transformation digitale et de s’affirmer comme un leader technologique en Afrique. Les initiatives en cours, soutenues par des partenariats stratégiques, positionnent le pays sur la voie de l’innovation et de la croissance économique durable.

Yassine EL YATTIOUI
– Secrétaire général de NejMaroc : Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation.
– Chercheur universitaire associé à NejMaroc et à la Benemerita Universidad de Puebla (BUAP) au Mexique.
– Analyste, conférencier et expert en relations internationales, politiques institutionnelles, géopolitique et diplomatie.