WhatsApp : le bilan, 10 ans après son rachat par Meta

[ LES NUMERIQUES ] Il y a 10 ans, Facebook (devenu depuis Meta) réalisait l’une des plus grandes acquisitions du secteur de la tech en rachetant WhatsApp pour 22 milliards de dollars. Retour sur l’histoire de l’application de messagerie instantanée aux 2 milliards d’utilisateurs, toujours incontournable malgré la concurrence et les polémiques.

Nous sommes en 2009 lorsque Jan Koum, un ancien ingénieur de Yahoo!, passe la porte d’une boutique de téléphonie pour s’acheter un nouveau smartphone. À l’époque, les stars des rayons sont les Palm Pré, Motorola Droid, BlackBerry Curve 8300 et autre iPhone 3GS. C’est sur ce dernier que son choix se porte, et cette action qui semble anodine sera pourtant le point de départ de WhatsApp. Notre homme est effectivement très vite impressionné par le potentiel de l’App Store, qui fête à peine sa première année d’existence.

Toujours en 2009, Brian Acton — le second cofondateur de l’application — cherche de son côté du travail. Lui aussi ancien ingénieur chez Yahoo!, il postule coup sur coup chez Facebook et Twitter. Deux candidatures pour autant de refus… Mais c’est là un mal pour un bien puisqu’il finit par s’associer avec Jan Koum cette même année.

Jan Koum, qui a grandi en Ukraine (en URSS à l’époque), se souvient que ses parents évitaient les conversations téléphoniques de peur d’être sur écoute. C’est ce qui l’a inspiré pour créer une application à la fois simple et sécurisée. Après avoir découvert l’App Store, il décide de se lancer et conçoit une app permettant aux utilisateurs d’échanger textuellement et, surtout, de mettre à jour facilement leur statut pour informer leurs contacts de leur disponibilité. D’où le nom de WhatsApp, un jeu de mots sur l’expression “what’s up ?” (quoi de neuf ?). Après l’arrivée de Brian Acton, ils affinent le concept, comprenant que l’envoi de messages texte via l’application suscite un intérêt bien plus grand que la simple mise à jour de statut.

Devant l’engouement, les fondateurs changent donc leur fusil d’épaule et transforment WhatsApp en une application de messagerie instantanée. Leur objectif est clair : offrir un service simple, sans publicité et respectueux de la vie privée. Une approche qui contraste avec les modèles économiques de l’époque, axés sur la monétisation des données personnelles et la publicité ciblée.

Initialement disponible uniquement sur iPhone, WhatsApp se distingue en utilisant les numéros de téléphone comme identifiants, simplifiant ainsi les échanges avec les contacts. Après le lancement de la version iOS en 2009, le service est disponible en janvier 2010 pour les BlackBerry, en mai 2010 pour les smartphones sous Symbian OS et en août 2010 sur Android. Son interface conviviale et son chiffrement de bout en bout séduisent les utilisateurs du monde entier.

La présence du service sur beaucoup de plateformes rend la communication plus fluide entre appareils

L’app connaît plusieurs évolutions majeures durant ses premières années. En 2011, le partage de photos est introduit. En 2013, la fonction vocale est ajoutée, permettant aux utilisateurs d’envoyer des messages audio. Les utilisateurs apprécient tout particulièrement l’absence de publicités et la politique de confidentialité stricte de l’entreprise. Les messages sont envoyés via Internet, ce qui permet aux utilisateurs d’éviter les frais de messagerie texte imposés par les opérateurs téléphoniques. De plus, la présence du service sur beaucoup de plateformes rend la communication plus fluide entre les appareils de l’écosystème tech.

Cette avalanche de fonctionnalités contribue à son succès fulgurant. Fin 2013, WhatsApp revendique ainsi 400 millions d’utilisateurs actifs par mois. De quoi aiguiser bien des appétits !

Une acquisition record

Et pas des moindres, puisqu’après que Google a proposé 10 milliards de dollars début 2014, c’est finalement Facebook qui rafle la mise. Le 19 février de cette même année, l’entreprise de Mark Zuckerberg annonce le rachat de WhatsApp pour la somme astronomique 19 milliards de dollars. Un chiffre qui sera même révisé à la hausse quelque temps après, pour atteindre 22 milliards de dollars.

À ce jour, cela reste l’une des plus grosses acquisitions de l’histoire de la tech, surtout s’agissant d’une entité qui ne comptait alors que 55 employés. Chacun d’entre eux valait donc environ 345 millions de dollars si on divise le prix d’achat par le nombre de salariés. C’est bien plus que les employés d’Instagram (70 millions chacun), acquis par Facebook en 2012 pour un petit milliard de dollars…

La légende raconte que Mark Zuckerberg aurait délaissé son épouse Priscilla Chan le soir de la Saint-Valentin 2014 pour dîner avec Jan Koum afin de finaliser les négociations du rachat de WhatsApp. Ils auraient même mangé un plateau de fraises au chocolat initialement prévu pour l’épouse de “Zuck”. Il faut dire que pour le fondateur de Facebook, WhatsApp représentait à la fois une menace et une opportunité. L’application était en passe de devenir le principal concurrent de Facebook Messenger en matière d’engagement. Avec ses données, elle constituait aussi un trésor potentiel pour la régie publicitaire de Facebook. D’ailleurs, Larry Page, l’un des pères de Google, ne s’y était pas trompé, puisqu’en plus de chercher à racheter lui-même WhatsApp, il avait tout fait pour convaincre Jan Koum de ne pas céder aux sirènes de Facebook. En vain, donc.

Une acquisition record

Et pas des moindres, puisqu’après que Google a proposé 10 milliards de dollars début 2014, c’est finalement Facebook qui rafle la mise. Le 19 février de cette même année, l’entreprise de Mark Zuckerberg annonce le rachat de WhatsApp pour la somme astronomique 19 milliards de dollars. Un chiffre qui sera même révisé à la hausse quelque temps après, pour atteindre 22 milliards de dollars.

À ce jour, cela reste l’une des plus grosses acquisitions de l’histoire de la tech, surtout s’agissant d’une entité qui ne comptait alors que 55 employés. Chacun d’entre eux valait donc environ 345 millions de dollars si on divise le prix d’achat par le nombre de salariés. C’est bien plus que les employés d’Instagram (70 millions chacun), acquis par Facebook en 2012 pour un petit milliard de dollars…

La légende raconte que Mark Zuckerberg aurait délaissé son épouse Priscilla Chan le soir de la Saint-Valentin 2014 pour dîner avec Jan Koum afin de finaliser les négociations du rachat de WhatsApp. Ils auraient même mangé un plateau de fraises au chocolat initialement prévu pour l’épouse de “Zuck”. Il faut dire que pour le fondateur de Facebook, WhatsApp représentait à la fois une menace et une opportunité. L’application était en passe de devenir le principal concurrent de Facebook Messenger en matière d’engagement. Avec ses données, elle constituait aussi un trésor potentiel pour la régie publicitaire de Facebook. D’ailleurs, Larry Page, l’un des pères de Google, ne s’y était pas trompé, puisqu’en plus de chercher à racheter lui-même WhatsApp, il avait tout fait pour convaincre Jan Koum de ne pas céder aux sirènes de Facebook. En vain, donc.

Des controverses

Moins touché que Facebook par les controverses de grande ampleur, WhatsApp en a tout de même essuyé une belle en janvier 2021. Le service annonce alors une mise à jour de ses conditions d’utilisation, élargissant le partage de données avec Facebook (Meta depuis octobre 2021). Cette annonce va susciter un tollé chez de nombreux utilisateurs, craignant pour la confidentialité de leurs données. Elle en a même poussé beaucoup vers des applications concurrentes comme Signal ou Telegram, qui ont vu leur nombre d’utilisateurs exploser à cette époque. Face à la polémique, WhatsApp a dû repousser la mise en place de ces nouvelles conditions et lancer une campagne de communication pour rassurer ses utilisateurs.

Un épisode toutefois symptomatique des immenses difficultés de WhatsApp à concilier innovation, monétisation et respect de la vie privée. Malgré ces controverses, le service reste l’application de messagerie la plus utilisée au monde avec plus de 2 milliards d’utilisateurs actifs. Elle continue d’évoluer avec de nouvelles fonctionnalités comme les Communautés pour les groupes (toujours en 2022), permettant de regrouper plusieurs groupes sous une même bannière. En 2023, WhatsApp a annoncé le développement d’un assistant virtuel alimenté par l’intelligence artificielle, pour surfer sur l’immense vague des chatbots IA, popularisés par l’inévitable ChatGPT.

Un impact indéniable

10 ans après son rachat, WhatsApp a évidemment bien changé. Le service est désormais profondément intégré à l’écosystème de Meta. Mark Zuckerberg mise sur l’application pour développer le commerce conversationnel et toucher les petites entreprises, tout en essayant de préserver l’expérience utilisateur.

L’avenir de WhatsApp dépendra de sa capacité à innover et monétiser ses services sans trahir ses valeurs fondatrices de simplicité et de respect de la vie privée. Un véritable numéro d’équilibriste donc, entre les intérêts business de Meta et les attentes des utilisateurs. WhatsApp devra aussi affronter une concurrence accrue. Comme évoqué plus haut, des applications comme Telegram et Signal gagnent en popularité, notamment auprès des utilisateurs soucieux de leur vie privée. Parfois, des applications locales comme WeChat en Chine ou Line au Japon dominent le marché domestique.

L’application devra aussi s’adapter aux évolutions réglementaires, et plus particulièrement au sein de l’UE avec le Digital Markets Act qui pourrait imposer l’interopérabilité entre les différentes applications de messagerie. Enfin, les 10 ans de l’acquisition par Meta interviennent à un moment charnière de l’histoire des nouvelles technologies, car les messageries instantanées ne sont pas épargnées par les tentatives d’intégration de l’intelligence artificielle.

Néanmoins, il est absolument indéniable que la vision de Jan Koum a fini par devenir une réalité, aussi imparfaite soit-elle aujourd’hui. Son application a facilité la communication dans des régions isolées, permis le maintien des liens familiaux pour des personnes éloignées de milliers de kilomètres, et servi d’outil d’organisation pour des mouvements sociaux et des campagnes de sensibilisation.

Pendant la pandémie de Covid-19, WhatsApp et les autres messageries instantanées qu’elle a inspirées se sont montrées importantes pour maintenir le contact entre les populations confinées, diffuser des informations et soutenir les initiatives communautaires. Malgré la concurrence croissante et les polémiques, l’application reste donc un pilier de notre façon de rester connectés au quotidien.

Par Sofian Nouira Journaliste

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