À l’aube d’une transformation économique majeure, l’Afrique s’apprête à tirer pleinement parti de la révolution numérique. Selon un rapport conjoint de Google et de la Société financière internationale (IFC), le commerce numérique pourrait générer jusqu’à 180 milliards de dollars de valeur d’ici 2025, soit 5,2 % du PIB continental. Une dynamique encore plus marquée est attendue d’ici 2050, avec un potentiel estimé à 712 milliards de dollars, représentant 8,5 % du PIB africain.
Derrière ces chiffres prometteurs se dessine une mutation profonde des économies africaines, portée par une jeunesse connectée, des innovations technologiques adaptées aux réalités locales, et l’émergence d’un marché numérique unifié.
Une jeunesse connectée, moteur de l’e-commerce africain
Avec plus de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans, l’Afrique est le continent le plus jeune du monde. Cette jeunesse, mobile, connectée et entreprenante, constitue le terreau naturel d’un écosystème numérique en pleine effervescence. L’accès grandissant à Internet via les smartphones favorise l’essor de l’e-commerce, des services financiers digitaux et des solutions mobiles.
Des entreprises comme Jumia, Flutterwave, Paystack ou M-Kopa incarnent cette nouvelle économie. Elles répondent à des besoins concrets : livraison de produits, paiements alternatifs, accès à l’énergie solaire ou au crédit numérique. Leur succès illustre l’adéquation entre innovation technologique et inclusion économique.
La ZLECAf : vers un marché numérique continental
L’adoption de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) marque une avancée décisive. En harmonisant les règles commerciales entre 54 pays, elle ouvre la voie à un marché numérique intégré de plus d’un milliard de consommateurs. Pour les acteurs du numérique, cela signifie moins de barrières douanières, un accès élargi aux marchés et un cadre plus favorable à l’investissement.
Cet espace commun encourage également le développement de plateformes interopérables, d’infrastructures logistiques transnationales, et de régulations cohérentes pour sécuriser les échanges numériques.
Des défis structurels à relever
Toutefois, ce potentiel ne pourra se concrétiser sans répondre à plusieurs défis persistants. Les infrastructures insuffisantes (réseaux télécoms, entrepôts, routes), la fracture numérique entre zones urbaines et rurales, ainsi que le manque de cadres réglementaires harmonisés freinent encore l’expansion du commerce numérique sur le continent.
À cela s’ajoutent des problèmes d’accès équitable aux technologies, en particulier pour les femmes, un manque de protection des données personnelles, une faible bancarisation dans certaines régions, et des risques croissants en matière de cybersécurité. Autant d’enjeux que plusieurs pays africains commencent à intégrer dans leurs politiques nationales.
Aujourd’hui, le commerce numérique en Afrique est bien plus qu’un phénomène technologique : il est un levier stratégique de développement, porteur de croissance inclusive, d’innovation locale et de transformation socio-économique durable.