Face aux turbulences économiques mondiales, à l’inflation importée et à l’escalade des tensions commerciales entre les puissances, l’Afrique choisit une voie audacieuse : celle de la résilience numérique souveraine. Sous l’impulsion de l’alliance Smart Africa, le continent redéfinit progressivement son rapport aux technologies, à la donnée, et aux infrastructures critiques.

Dépendante historiquement des géants étrangers dans le domaine numérique, l’Afrique entend désormais bâtir ses propres solutions. Ce tournant s’appuie sur un double constat : d’une part, les bouleversements géopolitiques récents — notamment les hausses tarifaires décidées unilatéralement par les États-Unis — rappellent la fragilité des économies africaines exposées à une chaîne d’approvisionnement mondialisée. D’autre part, la montée en puissance de la jeunesse connectée, des startups locales et des ambitions panafricaines crée un terreau fertile pour une renaissance numérique africaine.
L’initiative Smart Africa, lancée il y a plus d’une décennie, ne se limite plus à une déclaration de principe. Elle se concrétise par la mise en place d’un réseau numérique continental interconnecté, par des projets pilotes de données souveraines, par des investissements dans les data centers locaux et par l’élaboration de cadres législatifs communs en matière de cybersécurité et de gouvernance numérique.
Au-delà des infrastructures, l’enjeu est aussi humain et éducatif. Les États membres de Smart Africa misent désormais sur la formation d’une nouvelle génération d’experts africains capables de concevoir, sécuriser et gouverner les systèmes technologiques de demain. Des programmes de formation en intelligence artificielle, en cloud computing et en cybersécurité voient le jour, souvent en partenariat avec des universités africaines ou des centres d’innovation régionaux.
Dans ce contexte, le choc tarifaire américain agit comme un signal d’alarme. Il révèle les risques d’une trop grande dépendance aux importations technologiques, qu’il s’agisse de serveurs, de logiciels, ou de services en ligne. Il renforce donc le besoin urgent de solutions endogènes, interopérables et durables, pensées par et pour les pays africains.
L’Afrique ne cherche pas à copier les modèles existants, mais à inventer le sien — plus agile, plus inclusif et plus ancré dans ses réalités socio-économiques. L’avenir numérique du continent ne se construira pas à la périphérie, mais au cœur de ses villes, de ses institutions, de ses écoles et de ses communautés.