Anass Kettani : «Les startups fondées par les jeunes maintenant deviendront des entreprises numériques et agiles»

[LE MATIN] Entretien avec Anass KETTANI, Directeur exécutif du Centre Mohammed VI de la recherche et de l’innovation

Les jeunes sont par nature agiles et mieux portés sur le digital. Comment mettre ceci au service de la création et la pérennisation de la startup ?

Anass Kettani : L’élan entrepreneurial a connu au Maroc, ces dix dernières, une révolution exponentielle dans l’intérêt de transformer une idée innovante vers une startup en constatant que les jeunes ont souvent une certaine agilité et une aisance avec les technologies numériques, ce qui peut être un avantage pour la création et la pérennisation de leur startup.Il faut rappeler que la Covid a accentué cette nouvelle tendance dans tous les secteurs, faisant du digital une force de frappe entrepreneuriale incontournable.Le Matching du digital en faveur de la pérennisation de la startup doit se sourcer sur certains mécanismes facilitateurs : 1. Exploiter les compétences en technologies en usant de leur expertise pour améliorer les processus de leur startup. 2. Utiliser les réseaux sociaux pour développer leur visibilité en ligne pour atteindre une communauté de plus en plus large. 3. L’agilité passe d’abord par une ouverture au changement, première clé de réussite devant les nouvelles opportunités. 4. Entourez-vous de talents numériques : si les jeunes sont doués, ils ne peuvent réussir seuls, apprendre à exploiter l’intelligence collective. En réalité, les jeunes ont tous les atouts pour la création et la pérennisation d’une startup grâce à leurs agilité et compétences numériques.

Comment l’écosystème entrepreneurial et notamment les incubateurs s’accommodent-ils avec cette agilité ?

Anass Kettani : Plusieurs modèles sont opérationnels par l’écosystème entrepreneurial marocain et nous trouvons l’intérêt du digital dans toutes les phases de l’accompagnement des jeunes porteurs de projets innovants. Les universités, de par le Statut national de l’étudiant-entrepreneur et la nouvelle réforme Licence nouvelle génération, qui positionne l’entrepreneuriat dans toutes les disciplines et ce depuis la première année, rendent plus facile la révélation de nouvelles «Success-story» notamment avec des outils modernes et didactiques usant pleinement du digital. Les incubateurs de l’écosystème entrepreneurial se sourcent souvent au niveau des étudiants-entrepreneurs qui ont pu prouver l’impact de leur projet de l’idée au prototype.Pour partager la vision du Centre Mohammed VI de la recherche et de l’innovation et plus précisément de son Pôle R&D Innovation, une priorité est donnée aux projets ayant au moins un MVP (Minimum Viable Product) et à fort impact national et international. L’appel à projets de la première cohorte porte sur le thème «Santé et Digital». Cet appel donnera la possibilité aux projets sélectionnés d’entrer dans un processus de suivi individuel passant par les phases : Pré-incubation – Incubation – Accélération en mode post-création. Les startups auront à leur disposition un espace personnalisé, un FabLab professionnel, un atelier d’usinage et surtout accès principalement aux laboratoires de pointe R&D’omique’, chimie de synthèse, bio-informatique et Data Center. L’agilité du Centre Mohammed VI repose également sur la souplesse de créer des entreprises de la Spin-off à la SA.

Les jeunes générations sont des digital natives. Est-ce que leurs startups le sont aussi ?

Anass Kettani : Nous notons une tendance de nouveaux projets sur les aspects technologiques où le numérique est de facto présent avec des porteurs de projets très agiles et en phase avec la demande du marché. Cependant, les projets valorisant les produits du terroir dans l’artisanat, l’alimentaire et le cosmétique ont toujours leur place dans le panel entrepreneurial marocain ou le digital prend sa force principalement dans la partie e-commerce et visibilité sur le Net.Les startups fondées par les jeunes générations peuvent être des entreprises très innovantes et numériques, mais cela dépendra de nombreux facteurs, notamment de leur domaine d’activité, de leur marché cible, de leur modèle d’affaires et de leurs stratégies de croissance.

Comment accompagner ces jeunes à adopter le management agile dans leurs entreprises ?

Anass Kettani : Le management agile n’est pas forcément inné chez le jeune entrepreneur, mais peut devenir acquis par un accompagnement avant-gardiste offrant un environnement propice et à la carte pour laisser s’exprimer le talent des jeunes. Évidemment, il faut abandonner dans ce contexte les méthodes de formations classiques unidirectionnelles et laisser place à l’intervention des experts en mode facilitateur où l’acteur actif reste toujours le jeune entrepreneur qui a souvent besoin d’une écoute active pour trouver une solution à ses obstacles dans le parcours d’un startuppeur.

Finalement, l’entrepreneuriat au Maroc atteint une maturité mesurable par la qualité des projets qui réussissent grâce à l’intervention croisée de plusieurs structures de grandes expériences (incubateurs accélérateurs, centres et agences publiques-privées, ONG, etc.). Nous avons la chance d’avoir tous la même cible à accompagner, le jeune citoyen marocain entrepreneur et nous ferons en sorte de conforter la Vision de S.M. le Roi Mohammed VI pour la réussite économique de notre cher pays.

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