Catastrophes naturelles : Les réseaux sociaux, alliés incontournables.

Avec l’essor des réseaux sociaux, ces plateformes numériques sont devenues des outils incontournables pour gérer les crises et les catastrophes naturelles. Grâce à leur instantanéité et leur large portée, elles permettent de diffuser des informations en temps réel, de mieux comprendre les dynamiques sociales en période de crise et, éventuellement, d’organiser les interventions et les secours.

Des alliés précieux en cas de catastrophe

Lors d’une catastrophe naturelle, les réseaux sociaux jouent un rôle essentiel en permettant une communication rapide et efficace. Ils servent à informer les populations, alerter sur les dangers, rassurer les citoyens et coordonner les interventions de secours. Ces plateformes permettent aux autorités de diffuser des messages importants, mais aussi de recueillir les retours des utilisateurs pour évaluer les besoins sur le terrain et ajuster les actions en temps réel.

Un premier exemple marquant de l’efficacité des réseaux sociaux remonte à la tempête Sandy aux États-Unis en 2012. Les autorités, notamment la FEMA (Agence fédérale de gestion des urgences), ont utilisé Twitter et Facebook pour partager des informations cruciales, répondre aux inquiétudes des citoyens et combattre les fausses informations.

En Indonésie, un pays régulièrement frappé par des catastrophes naturelles comme les tremblements de terre et les tsunamis, les réseaux sociaux comme WhatsApp et Instagram ont permis aux habitants de partager des vidéos en temps réel, facilitant ainsi le travail des secours et leur permettant de mieux cibler les zones les plus touchées.

En 2020, lors des inondations en Côte d’Ivoire, les réseaux sociaux ont joué un rôle clé dans la gestion de la crise. Les autorités ont utilisé Twitter et Facebook pour diffuser des alertes sur les risques de crue, les zones d’évacuation et les routes inondées. Les citoyens ont, quant à eux, organisé des actions de secours via WhatsApp, partagé des informations en temps réel et localisé les zones touchées. Des hashtags comme #InondationsCI ont centralisé les informations et facilité la coordination entre les autorités, les victimes et les équipes de secours. Les fakes news ont été rapidement démenties, assurant une gestion plus efficace de la crise.

Séisme d’Al Haouz en septembre 2023

Au Maroc, les réseaux sociaux ont démontré leur utilité lors de catastrophes naturelles. Après le séisme d’Al Haouz en septembre 2023, des plateformes comme Facebook et WhatsApp ont été utilisées pour coordonner l’aide humanitaire. Les survivants ont partagé des informations sur les villages isolés ou les besoins urgents. Cela a permis aux secours de mieux organiser les interventions et de fournir des informations vitales sur les zones accessibles ou inaccessibles. Les autorités marocaines ont aussi lancé des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux pour informer les citoyens des mesures de prévention en cas de fortes pluies ou d’inondations, notamment dans les régions vulnérables.

Relever les défis pour une gestion de crise plus efficace

Bien que les réseaux sociaux soient des outils essentiels dans la gestion des crises, leur utilisation comporte plusieurs défis. Le plus important d’entre eux est la propagation rapide de fausses informations, qui peut semer la panique et perturber l’organisation des secours. Un exemple significatif est celui des incendies de forêt en Australie en 2019-2020, où des rumeurs circulant sur Facebook ont détourné l’attention des véritables besoins urgents, compliquant ainsi la réponse des autorités. Ces fausses informations, souvent amplifiées par des utilisateurs non vérifiés, ont contribué à un climat de confusion, rendant difficile l’identification des actions prioritaires.

Un autre défi majeur est la gestion de la surcharge d’informations. Lors de grandes crises, les réseaux sociaux peuvent devenir saturés d’informations, parfois contradictoires, et il devient difficile de trier et d’analyser les données pertinentes. En 2020, lors de la pandémie de Covid-19, de nombreuses informations liées à la santé circulaient massivement, créant des turbulences dans la communication publique. Les autorités ont dû mettre en place des mécanismes pour distinguer les messages fiables des rumeurs et limiter la propagation des contenus nuisibles.

Des dispositifs humaines et techniques pour une surveillance active

Pour maximiser l’efficacité des réseaux sociaux en période de crise, certains pays ont créé des équipes spécialisées. Par exemple, les VOST (Virtual Operations Support Teams) sont des volontaires formés à analyser les contenus en ligne, détecter les rumeurs et orienter les populations vers des ressources fiables.

En France, lors des crues de l’Aude en 2018, les réseaux sociaux ont été utilisés par les collectivités locales pour gérer les inondations dans le sud du pays. Par exemple, les autorités ont surveillé les publications sur Twitter et Facebook pour localiser les zones les plus touchées et ajuster leurs interventions en conséquence.

La diversité des langues et des dialectes utilisés sur les réseaux sociaux représente également un défi dans des contextes multilingues. Les messages en dialectes locaux ou les variations de langage informel rendent l’analyse automatisée difficile, ce qui nécessite des outils de traitement du langage naturel (NLP) encore plus performants.

Ces outils doivent pouvoir collecter, filtrer et interpréter des informations provenant de diverses plateformes sociales, notamment en utilisant des technologies avancées de traitement du langage naturel (NLP). Grâce à des algorithmes de machine learning et des modèles de deep learning, ces outils peuvent normaliser les textes, détecter les rumeurs, et extraire des informations clés comme des lieux, des dates ou des besoins urgents.

Les chatbots et les assistants virtuels peuvent être utilisés pour automatiser les réponses aux citoyens, tandis que des campagnes de sensibilisation peuvent être déployées pour informer la population de manière ciblée. Enfin, les systèmes de géolocalisation et d’analyse spatiale permettent de suivre l’évolution géographique de la crise et de coordonner les interventions en temps réel.

Sans ces outils, il devient compliqué d’identifier et de répondre rapidement aux besoins urgents, d’où l’importance de former des équipes spécialisées capables d’intervenir efficacement pour filtrer et analyser les données provenant des réseaux sociaux. L’avenir de la gestion des crises repose sur une meilleure intégration de ces outils numériques dans les stratégies territoriale et nationales.

Ahmed LAFTIMI

Digital-BPM & e-Gov Advisor | E-Reputation Branding™

Doctorant Chercheur | Social-Media Strategist

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